Une autre conception de l'entrepreneuriat

La diffusion de l'innovation

Les consommateurs ont des attitudes différentes dans leur volonté d’essayer de nouveaux produits ou services. Everett Rogers définit dans Diffusion of Innovations l’attrait de l’innovation comme étant :  “le degré auquel un individu est relativement plus prompt à adopter de nouvelles idées que les autres membres de son ensemble social.” Dans chaque domaine, il existe des personnes qui sont susceptibles d’être des “pionniers" de la consommation et des adopteurs précoces. D’autres individus, par contre, adoptent de nouveaux produits beaucoup plus tard. Dès lors, il est possible de classer les consommateurs en catégories d’adopteurs. 

Le processus d’adoption est présenté sous la forme d’une distribution normale en fonction du temps. On définit les innovateurs comme les premiers soit 2,5 % des consommateurs qui adoptent une nouvelle idée. Les adopteurs précoces sont les 13,5 % suivants. On parle ensuite de majorité précoce (34%), de majorité tardive (34%) et enfin de retardataires (16%). Rogers est d’avis que les cinq groupes d’adopteurs diffèrent selon l’orientation de leurs valeurs. Les innovateurs ont l’esprit d’aventure ; ils aiment bien essayer de nouvelles idées, même si cela est risqué. En d'autres termes, les innovateurs ont le goût du risque. Les adopteurs précoces sont influencés par le respect que leurs inspirent les innovateurs ; ce sont des leaders d’opinion dans leur communauté - ils adoptent tôt de nouvelles idées, mais avec prudence. La majorité précoce agit de façon réfléchie ; elles adoptent de nouvelles idées avant l’ensemble des gens et se compose rarement de leader. La majorité tardive est d’une manière générale sceptique et adopte une innovation seulement après que la majorité des personnes l’ont essayée. Ce sont des personnes qui ont une aversion pour le risque. Au final, les retardataires se caractérisent par leur attachement à la tradition et se méfient des changements. Ils adoptent l’innovation lorsqu’elle commence à faire partie de la tradition.

Cette classification d’adopteurs a pour conséquence qu’une entreprise innovatrice doit faire de la recherche sur les caractéristiques socio-démographiques des innovateurs et des adopteurs précoces et qu'elle doit se diriger pour le lancement de nouveaux produits essentiellement vers eux ; mais est-ce suffisant pour réussir ? Pour cela il faut se tourner vers les analyses lumineuses de Geoffrey Moore dans Crossing The Chasm pour comprendre pleinement les enjeux de la diffusion de l'innovation. Ici je vous invite à lire l'excellent résumé de ce livre par l'inusable Francis Bélime sur Akova Blog. 

Préparez vos présentations

La citation de la semaine est celle de Seth Godin, elle trouve une répercussion directe pour tous les étudiants qui vont bientôt soutenir à l'oral leurs projets ou mémoires. En effet, les étudiants prennent trop souvent la soutenance orale comme une corvée, un passage obligé pour obtenir son diplôme... Pourtant, une soutenance devant un public d'expert est un privilège, un moment unique que l'étudiant orateur doit savourer à sa juste valeur et préparer avec le plus de professionnalisme possible : "A presentation is a precious opportunity. It's a powerful arrangement... one speaker, an attentive audience, all in their seats, all paying attention (at least at first). Don't waste it.The purpose of a presentation is to change minds. That's the only reason I can think of to spend the time and resources..A presentation isn't an obligation, it's a privilege."

L'avenir appartient aux autodidactes

Je relaie l’interview de François Taddei par Corinne Bensimon publiée dans le journal Liberation. Merci à Gérard pour m’avoir fait partager ce lien. 

François Taddei vient d’achever, à la demande de l’OCDE, un rapport sur les orientations à donner à une réforme de l’éducation. Il a un credo, emprunté à Charles Darwin : «Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements.» Et une conviction : le système le plus performant sera celui qui forme les meilleurs autodidactes. 

Vous rêvez d’une société d’autodidactes. C’est curieux pour un chercheur si diplômé… 

Le paradoxe n’est qu’apparent. Il ne s’agit pas de supprimer l’enseignement mais de faire en sorte qu’il forme des jeunes dont la principale aptitude sera de savoir renouveler leurs connaissances. C’est une urgence dans un monde où la production de savoirs s’accélère de façon exponentielle. Depuis 1700, le nombre de publications scientifiques est multiplié par 100 tous les cent ans. Autant dire que ce qu’apprend un étudiant est vite dépassé. Cette évolution fulgurante des savoirs est dopée par celle des outils qui permettent de les produire et de les exploiter : l’informatique. La puissance des ordinateurs double en moins de deux ans. Conclusion, quelle que soit la formation reçue, il est vital de savoir mettre à jour non seulement son contenu, mais les façons d’y participer, sur le Web. A partir de là, on peut être créatif. 

Mais ça veut dire quoi, être créatif ? 

C’est être capable de faire de nouvelles constructions avec de nouveaux savoirs, un peu comme avec un Lego dont les pièces changeraient tout le temps. En France, on a une vision élitiste de la créativité. C’est un don qu’on réserve aux métiers d’arts : la haute couture, le design. C’est obsolète. Aux Etats-Unis, en Chine, la conscience de la rapidité des mutations et de la nécessité de savoir s’y adapter est une obsession. C’est ce que dit le «Yes we can» d’Obama : oui, nous pouvons tous changer. 

Comment ? 

J’ai intitulé mon rapport à l’OCDE : «Former des constructeurs de savoirs collaboratifs et créatifs.» En clair, l’école doit apprendre non pas des savoirs, mais à rechercher de l’information en utilisant les nouvelles technologies, à la critiquer, à la synthétiser et à produire de l’information en réseau. Le Web est un catalyseur que tous doivent apprendre à maîtriser dès l’école. Pour son offre de contenu, mais aussi parce qu’il montre que le savoir se construit de façon collective, dynamique. Tous les scientifiques le savent : nul ne peut plus maîtriser à lui seul un savoir. 

La créativité est un produit collectif. L’individu s’efface, alors ? 

Pas du tout. Dans ce système-là, on ne survalorise ni le savoir, ni le diplôme, ni le don. Mais la motivation individuelle et la liberté de pensée. Regardez le système scolaire finlandais dont le succès est envié par tous. Son maître mot, c’est la confiance dans les enseignants et dans les élèves. Les inspecteurs sont devenus des personnes ressource pour les profs, lesquels échangent en réseau, tandis que les élèves sont encouragés à travailler en groupe pour faire émerger leur point de vue personnel et aller vers les disciplines de leurs choix, plusieurs à la fois, de préférence. C’est crucial : les innovations naissent aux carrefours des disciplines. En France, créer des filières interdisciplinaires est un parcours du combattant.

Classement des entreprises innovantes

BusinessWeek vient de publier la liste des 50 entreprises les plus innovantes. A noter qu’avec la récession, les entreprises annoncent qu’elles vont réduire leur budget de recherche et développement : “Not so long ago, innovation was a must-do priority for business. Now research and development might seem more like vacation homes and new cars—luxuries that will have to wait for better times. In an annual survey of top executives by Boston Consulting Group, which provides the foundation of BusinessWeek’s Most Innovative Companies list, more respondents said that innovation spending will be flat or down than since the ranking began in 2005. But recession and market meltdown aside, many on the 2009 ranking are finding ways to forge ahead". 

La nouvelle peut surprendre dans la mesure où une entreprise qui souhaite prendre de l’avance sur ses concurrents et bénéficier d’un ou plusieurs avantages concurrentiels doit investir en recherche et développement. “Innovation distinguishes between a leader and a follower”, comme le dit si bien Steve Jobs. En effet, la performance des entreprises se mesure par plusieurs facteurs : l’attraction liée au prix de vente, la compétitivité hors coût, la qualité des produits, l’efficacité du service après-vente, la bonne image de la firme, etc..Pour tout ces éléments l’entreprise doit chercher à proposer du nouveau donc innover. Or pour innover, il est primordial d’avoir une organisation flexible et collaborative. Il faut encourager les salariés à mettre leur créativité au service de l’entreprise et se doter de moyens et de procédures permettant de mieux gérer le processus d’innovation en se dirigeant vers des structures flexibles et un management de la gestion des connaissances (Knowledge Management). C’est dans ce sens qu’il faut interpréter cette baisse des budgets de recherche et développement, non comme une frilosité de la part des dirigeants, mais plutôt par une orientation stratégique de fond. Il ne s’agit pas d’innover pour innover mais plutôt d’intégrer l’innovation dans l’organisation. La crise est le moment idéal pour faire ce travail de restructuration de l’ADN de l’entreprise afin d’optimiser le processus de recherche et développement. 

Pour les dix premières entreprises innovantes, on trouve 8 entreprises dans le secteur technologique : 

1- Apple 

2- Google 

3- Toyota Motors 

4- Microsoft 

5- Nintendo 

6- IBM 

7- Hewlett-Packard 

8- Research In Motion 

9- Nokia 

10- Wall-Mart Stores

Comment créer un esprit d'innovation ?

Vijay Govindarajan, Professeur à la Tuck School of Business de Darthmouth, explique dans la video ci-dessous comment créer un esprit d’innovation dans l’entreprise. Selon lui, les managers ne sont pas l’unique source de l’innovation, il faut faire appel à des compétences extérieures, encourager la collaboration et s'intéresser aux besoins des marchés émergents en y répondant par des offres novatrices.

A quoi l'innovation peut-elle servir ?

Selon Wikipedia, “une innovation se distingue d'une invention ou d'une découverte dans la mesure où elle s'inscrit dans une perspective applicative. Le manuel d'Oslo de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) propose les définitions suivantes « On entend par innovation technologique de produit la mise au point/commercialisation d’un produit plus performant dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés. Par innovation technologique de procédé, on entend la mise au point/adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou notablement améliorées. Elle peut faire intervenir des changements affectant – séparément ou simultanément – les matériels, les ressources humaines ou les méthodes de travail.” Avant de lancer de commercialiser une innovation, il faut se poser les bonnes questions : 

1- Description et caractéristiques de l’innovation (contexte et principe) ? ; 

 

2- Problèmes que résout l’innovation : “cette innovation permet de..", "empêche de..", etc.. ? ;

 

3- Définition des marchés potentiels, ici par marchés potentiels on entend les consommateurs rencontrant un ou plusieurs de ces problèmes et qui seraient susceptibles d’être intéressés par les apports de l’innovation ? ; 

 

4- Solutions actuelles pour résoudre chacun de ses problèmes (il faut prendre ici le soin de décrire les solutions technologiques et commerciales existantes) ? :

* la concurrence directe (produits similaires) : par rapport aux concurrents actuels, quels sont les avantages concurrentiels que procurent l’innovation ? 
* les produits de substitutions : dans quelle mesure ces produits répondent aux problèmes rencontrés ? 

 

5- Atouts et limites de l’innovation concernée par rapport à ces concurrents ? 

* du point de vue du porteur de projet : ce dernier connaît parfaitement les limites et atouts de son innovation ;

* du point de vue des clients potentiels : il est nécessaire ici de faire une enquête pour déterminer précisément ce que les clients potentiels recherchent.  

Une question de cadre..

..ou l'art de bien cadrer les questions !

Citation dominicale

"Quant vous ne pouvez pas mesurer ce dont vous parlez, quand vous ne pouvez l'exprimer en chiffres, votre connaissance est superficielle et insatisfaisante ; il s'agit peut-être du commencement de la connaissance, mais vos pensées ont à peine évolué vers la première étape de la science, peu importe ce que cela peut bien être." Lord Kelvin

La carte du web actuel

Web Trend Map est la cartographie version nippone de l’Internet. 333 sites web et 111 personnes les plus influents sont représentés sur un plan de métro de Tokyo. Chaque ligne représente une thématique. Les stations sont associées au nom de domaine générant le plus de trafic au niveau mondial (via : Information Architects).

La mission de l'entreprise

Lorsque l’entreprise commence à dériver, les dirigeants doivent s’interroger sur sa raison d’être. Selon Peter Drucker, il faut alors se poser certaines questions fondamentales. Quel est notre domaine d’activité ? Qui est notre client ? Qu’est-ce qui a de la valeur pour ce client ? Quel sera notre domaine d’activité ? Quel devrait être notre domaine d’activité ? Les questions sont simples en apparence mais très complexes à traiter. Les entreprises qui prospèrent se posent sans cesse ces questions en y répondant après mure réflexion et de manière la plus complète possible. La mission dépend de cinq éléments : 

1- l’histoire de l’entreprise : en redéfinissant sa raison d’être, l’entreprise ne doit pas faire abstraction de son passé ; 

2- les préférences actuelles des dirigeants : les dirigeants ont des buts et des visions personnels qui influencent la mission de l’entreprise ; 

3- les caractéristiques de l'environnement : l’entreprise doit s’adapter à son environnement ; 

4- le niveau de ressource : qui rend certaines mission possibles et d’autres non ;

5- les compétences distinctives : Airbus pourrait sans nul doute fabriquer des planeurs mais il n’utiliserait pas alors ses compétences de manières optimales. 

Lorsque les énoncés de mission sont précis, l’entreprise a beaucoup plus de chances d’obtenir de meilleurs résultats, son objectif étant clair. Les énoncés de mission diminuent le nombre de mauvaises orientations. Par exemple en comparant les énoncés suivants : 

- augmenter le chiffres d’affaires de l’entreprise ; 

- fournir un service de haute valeur ajoutée à nos clients ; 

- fournir un système de voix sur IP sécurisé pour les hôpitaux publics de la zone Europe.

Force est de constater que le dernier énoncé est plus clair que les deux autres. Si l'énoncé s’applique à toute entreprise, vous pouvez le reformuler. 

Un énoncé de mission bien pensé fournit au personnel un sentiment partagé de pertinence, de direction, de sens et de réalisation de soi. C’est en quelque sorte la Main Invisible de l’entreprise qui motive les salariés à la réalisation du potentiel de leur organisation. Le personnel a besoin de sentir que son travail a un sens et contribue au bien-être de ses clients. 

Rédiger un énoncé officiel de la mission de l’entreprise n’est pas une tache aisée. Certaines sociétés prennent plusieurs mois pour préparer un énoncé satisfaisant de leur raison d’être. L’exercice est cependant enrichissant car il permet d’apprendre beaucoup sur son organisation et sur les opportunités qui s’ouvrent à elle.