La start-up demande ensuite un tempérament d’aventurier. Le terme peut ici surprendre. Ce mot est souvent galvaudé mais par essence un aventurier ”est une personne entreprenant des actions dont l’issue est incertaine”. Dans un environnement incertain, les décisions se prennent non sur la base d’un prévisionnel mais sur ce que Keynes appelait l’”animal spirits”. En effet, selon l’économiste anglais, nous ne sommes pas des homo oeconomicus rationnels et omniscients et la plupart de nos décisions sont influencées par nos « esprits animaux ». Dans le monde des start-ups, il s'avère difficile voire impossible de prendre une décision en s’appuyant sur des chiffres, des analyses quantifiables et comptables. Dès lors, la prise de décision à la sauce jeune pousse se fait sur une impulsion, un besoin spontané d’action. Dans la start-up c’est l’esprit animal qui domine !
La présentation ci-dessous de Steve Blank compare Billy Durant et Alfred P. Sloan, les deux furent PDG de General Motors. Le premier fonda le géant américain. Son caractère “sanguin” allié à une volonté d’aller toujours plus loin et d’ innover - il lança au passage la fameuse marque frigidaire - l'amena à développer rapidement son entreprise. La gestion n’étant pas son fort, il dut se retirer de son poste de président de GM quelques années plus tard puis en repris ensuite le contrôle pour de nouveau en être exclu. Qu’en bien lui fasse ! Il rebondit et créa une nouvelle marque de constructeur automobile. La crise de 1929 mit un frein, sans faire de mauvais jeux de mot, à son entreprise. Il termina sa vie comme gérant d’un bowling. A l’inverse, P. Sloan, eu une carrière bien plus linéaire. Il géra efficacement GM pendant plus de 30 ans. Fin stratège, il s’appuya sur les théories micro-économiques et marketing de l’époque pour développer GM et en faire une des entreprises les plus rentables. Entre le tempérament sanguin et créateur de Billy Durant et l’approche comptable d’Alfred Sloan : deux mondes, deux tempéraments, deux paradigmes. Billy Durant ne pouvait pas gérer une entreprise et Alfred Sloan ne pouvait pas en créer une. Doit-on en conclure, que le créateur de start-up est condamné à passer la main quand sa jeune pousse devient pérenne et trouve (enfin) son modèle économique ? Je ne me hasarderai pas aujourd’hui à y répondre même si ma pensée se tourne vers cette superbe citation de Joseph Schumpeter : “l’entrepreneur crée sans répit car il ne peut rien faire d’autre.”
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