La corrélation positive entre l’innovation et la croissance économique n’est plus aujourd’hui à démontrer. La compétitivité d’un pays dans notre monde globalisé dépend de sa capacité à favoriser l’innovation. Le rapport récent de Pascal Morand et Delphine Manceau Pour une nouvelle vision de l’innovation, souligne la fâcheuse tendance de nos politiques à trop souvent assimiler l’innovation à la recherche et développement et aux dépôts de brevet. Or l’innovation est multidimensionnelle. Le tableau ci-dessous extrait du document montre la subtilité et la complexité de l’innovation. Comme le souligne les deux auteurs, “l’innovation est le fruit d’un processus global dans lequel la Recherche & Développement n’est qu’un ingrédient parmi d’autres, à intégrer dans une démarche organisationnelle complexe.”
Un point de l'étude a retenu particulièrement mon attention celui du rôle des mentalités. En effet, notre culture est fondamentalement enracinée dans l’aversion du risque. Ce je ne sais quoi qui fait qu’entre une espérance d’avoir un gain très élevé avec une probabilité d’échouer et la sûreté de gagner moyennement sa vie, nous choisissons (presque) toujours la seconde option. Or le risque fait partie intégrante du monde de l’entreprise ! En Europe “le risque y fait peur, l’échec est sanctionné socialement. Le regard des autres et le regard sur soi sont peu propices à l’innovation....les entrepreneurs sont trop souvent montrés du doigt quand ils échouent, [alors que] toute entreprise comporte par définition un risque d’échec". Notre principal frein à l’innovation serait donc d’ordre culturel dans la manière d'appréhender le risque. Dès lors, pour faire évoluer les mentalités, l’éducation apparaît comme un facteur essentiel. En effet, “l’éducation reçue détermine la manière dont chacun valorise la créativité, la science, ou encore la prise de risque. Elle peut stimuler l’envie d’essayer des approches inédites et de lancer des projets, ainsi que la capacité à travailler avec des personnes de profils et de formations différents”. A la fin des études, “l’objectif est également de faire en sorte que les jeunes diplômés aient envie d’innover et d’entreprendre, car les débouchés les plus valorisés à la sortie des universités et des grandes écoles restent les grandes entreprises”. En rappelant que ces grandes entreprises ne sont pas suffisamment nombreuses pour embaucher tous les jeunes sur-diplômés qui se trouvent ensuite confrontés au chômage ou dans des emplois sous-qualifiés alors que des nombreux défis les attendent dans les PME - l'étude met en exergue la capacité des petites entreprises à innover de manière plus audacieuse et rapide que les grandes - ou la création d’entreprise..
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