Il y de quelque temps de cela, les entrepreneurs du web mettaient toutes leurs énergies dans la construction de leur Business Plan. Une fois l’argent levé, il se mettaient au travail. C’est ce que met en exergue un récent article du Time : “in the old days, start-ups tended to get funded before they launched. Think of the dotcom archetype, Amazon. Only after getting a $300,000 check from his parents did Jeff Bezos set to work building his site. That was typical: entrepreneurs first put their energy into writing business plans — a map that spelled out what they hoped to build. After the money was in hand, they got to work.” Ce modèle traditionnel présente cependant trois risques :
1- au fur et à mesure des levées de fond, les fondateurs se retrouvent souvent dépossédés de leur entreprise via une diliuation regulière de leur part dans le capital de la société ;
2 - entre les hypothèses théoriques d’un business plan et la réalité l’écart est parfois abyssal : combien de bons plans d’affaires se sont transformés en mauvaises start-up !
3- quand vous ne levez pas de fond vous ne faîtes rien (ou presque)..
Dès lors, la tendance actuelle est de considérer le business plan comme le fruit d’une réflexion après coup. En effet, plutôt que de perdre son temps à convaincre d’éventuels investisseurs et banquiers pour lever des fonds, il vaut mieux se lancer pour valider son idée ! Et ce d'autant plus qu''à l'heure actuelle le coût pour démarrer une entreprise est minime, équivalent à un passe-temps. En effet, les technologies existantes - l’open source permet d’avoir accès gratuitement à des logiciels de grande qualité - et les moyens de communication actuels - le marché est à portée de clic - permettent de tester à moindre coût un projet d’entreprise. Le concept de Noodle economics - littéralement "nouille économie" prend dès lors toute sa dimension. Vous pouvez aujourd’hui monter une entreprise dans votre cuisine ou garage avec peu de moyens : "at this point, it would be hard for companies to get any cheaper. Since everyone already has an Internet-connected computer, "it's gotten to the point that you can't detect the cost of a company when added to a person's living expenses. A company is no more expensive than a hobby these days". Certes il faudra du temps et une bonne dose de courage et de travail pour voir votre enteprise prospérer mais cela vous permettra de grandir lentement et de construire au fur et à mesure votre business plan tout en minimisant les risques financiers. Nous sommes bien loin de l’esprit start-up de la fin des années 90 ou le but était de lever rapidement des fonds pour rentrer le plus rapidement possible en bourse...
L’exemple donné par l'article du Time est à mon sens révélateur de ce que sera l'entreprise de demain du moins à ses débuts. Joe Gebbia and Brian Chesky, camarades de classe, avaient toujours eu le désir de monter une entreprise. En octobre 2007, une conférence importante a monopolisé la plupart des chambres d’hotels dans la ville de San Fransicsco. Ils décidérent de profiter de cette opportunité pour acceuillir des clients dans leur appartement : " "we thought, why not host people in our own apartment?" Gebbia said. "It was a way to make a few extra bucks to offset our already expensive rent." Un lit et quelques matelats pneumatiques dans un appartement suffirent et ils proposérent leur offre sur la Toile. Les deux jeunes entrepreneurs furent surpris que leurs premiers clients ne correspondaient pas aux hypothèses de leur Business Plan : "they made $1,000 that week and were shocked to find that their customers weren't teenage slackers but were instead older folks, including a 45-year-old father of three. Said Gebbia: "It completely blew away our assumptions." Ayant comme toute jeune entreprise peu de moyens, ils s'appuyérent sur leurs relations pour continuer l'aventure. Ils engagèrent comme partenaire un ancien colocataire ayant des compétences techniques pour développer leur site
www.airbnb.com : "he built the website — which was initially aimed at cities with big conference calendars — and made it easy for hosts to offer low-rent lodging to visitors. AirBnB.com handled the financial transaction between guests and hosts and took 10% from the guests and 3% from the hosts".
Aujourd'hui, AirBnB enregistre plus de 12 000 utilisateurs avec plus de 3 000 propriétés répertoriées sur le site. L''entreprise génére suffisament d'argent pour faire vivre les trois fondateurs. Elle grandit de manière linéaire en s'appuyant sur ses utilisateurs : "traffic grew. Along the way, the guys listened to their customers". Et qui nous dit que AirBnB ne sera pas le Facebook ou Blogger de demain ?
Je retiens 8 enseignements de cet article (dans le désordre) :
1- la crise n'est pas un obstacle pour créer une entreprise : "it's time to stop whining. The economy might be melting down like a pat of butter on a hot Hummer roof, but for some people — you, maybe? — this could be a very good thing".
2- le business plan s'écrit après-coup (voir ou revoir ici l' excellente interwiew de
BeeBole à ce sujet) ;
3- il faut oser se lancer afin de tester son idée ;
4- s'appuyer sur ses amis et son réseau relationnel ;
5- écouter et faire participer ses utilisateurs ;
6- minimiser ses dépenses ;
7- prendre son temps pour grandir et rechercher une croissance linéaire régulière et pas exponentielle ;
8- ne pas perdre son temps et énergie au début pour convaincre les investisseurs et banquiers.
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