L'entraîneur 2010 va être disponible le 11 septembre, bof car les versions précédentes ne sont pas fameuses. Par contre, le fait que le prix d'achat du jeu soit fixé par l'utilisateur lui-même m'a vivement interpellé ! Un tel système du "payez ce que vous voulez" ou Pay What You Want (PWYW) est-il un modèle économique rentable ?
En 2007, le groupe Radiohead a proposé aux internautes de télécharger leur nouvel album au prix qu’ils voulaient. In Raimbows a été téléchargé plus de deux millions de fois. Concernant le prix moyen d’achat, ici les données sont floues. D’après Tom Yorke, le leader du groupe, le système du PWYW pour cet album a été très profitable générant à lui seul plus de vente que l’ensemble de tout les téléchargements des autres albums du groupe. Qu’en penser ? Dans un article "Pay What You Want: A New Participative Pricing Mechanism,” Journal of Marketing 73, no. 1 (January 2009), paru dans le Journal of Marketing, Ju-Young Kim, Martin Natter et Martin Spann, ont démontré que sous certaines conditions le Pay What You Want s’avére plus rentable que le système traditionnel du prix fixé par le producteur. Tim Smith dans If a Business Lets You “Pay What You Want,” Could It Survive ? en fait une synthèse remarquable. Cette première étude en amènera d’autres mais elle laisse entrevoir la naissance d’un nouveau modèle économique. L’avenir du marché sera-t-il celui du prix fixé unilatéralement par le consommateur ? Si l’on suit la théorie classique, une entreprise concurrentielle est une entreprise qui considère le prix de marché du produit comme une donnée en dehors de son contôle. Ainsi, sur un marché concurrentiel chaque entreprise considère le prix comme étant indépendant de sa propre action, bien que les actions de toutes les entreprises prises ensemble déterminent le prix de marché. L'entreprise est donc libre de fixer le prix qu'elle veut. Si elle fixe un prix supérieur au prix de marché, le marché étant concurentiel, personne n'achètera son produit. Si elle établit son prix en dessous du prix de marché, elle auran autant de clients qu'elle veut mais l'entreprise se privera de maximiser son profit. Dès lors, donner le pouvoir au consommateur, n'est pas une hérésie car l'entreprise dans un système concurrentiel considère le prix comme une donnée exogène. Encore faut-il que le consommateur soit capable d’estimer le prix du marché du produit. Dans des secteurs spécifiques comme la musique ou le jeux video, les consommateurs sont des agents avertis connaissant et appréciant les produits. Le terrain est donc idoine pour un système de PWYW. Le vrai enjeu dans un tel modèle économique est de minimiser les “passagers clandestins” c’est-à-dire les acteurs qui vont profiter du système pour payer de façon volontaire un prix bien inférieur à celui du marché voire nul selon les cas. Une solution serait de mettre une "taxe" sur le produit afin de minimiser ce risque. C'est ce qu'a d'ailleurs fait l'éditeur de l'Entraîneur en y intégrant des frais de transaction incompressibles de 2 euros 50.
Au-delà du prix, le PWYW génére un buzz important tout en minimisant les frais publicitaires - les bloguers par exemple relaient gratuitement et avec enthousiasme l'information. Un tel concept capte l'attention. Il serait d'ailleurs intéressant de mesurer l'impact du PWYW sur le volume des ventes par rapport à un système traditionnel. En conclusion, et pour le cas de L'Entraineur 2010, l'opération devrait être très rentable.
Alors à quel prix, vais-je payer cette nouvelle version de l'Entraîneur ? Son prix de vente en magasin est de grosso modo 40 euros. En tant que puriste, je préfére jouer à Football Manager que je considère comme le meilleur jeux de simulation de football ; mais je peux changer d'avis ! Quoi qu'il en soit, je vais payer 35 euros pour ce jeu, chose que je n'aurai jamais fait sans cette initiative..
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